El espejo y la máscara. El retrato en el siglo de Picasso

Les avant-gardes du début du xx^e siècle semblèrent mettre fin à l’idée des genres dans l’art. En ce qui concerne le portrait, un genre particulièrement ancien et toujours dominant, la photographie se chargea de rétablir un lien solide avec la réalité au moment précis où il semblait que l’art achevait un processus de dissociation entre l’image représentée et la réalité. Il est donc surprenant que le portrait ait survécu en tant que force vitale dans la construction de l’art moderne. « La photographie enchaîne le regard à la surface des choses et camoufle généralement leur nature cachée, qui ne fait que filtrer comme un clair-obscur mouvant à travers leur physionomie. Les lentilles les plus précises ne sauraient saisir cela. Seule le peut la sensibilité, et en tâtonnant », disait Kafka.

Ce nouveau territoire, prêt à être exploré à l’aide de la sensibilité, et où se trouve cette nature cachée derrière la surface visible, c’est celui que souhaitent découvrir les créateurs de l’art contemporain. La possibilité de refléter l’identité des personnes représentées, au-delà de l’apparence, et à l’aide d’un large éventail de nouveaux moyens d’expression, voilà qui fait du portrait un genre amplement usité pendant toute la modernité. Suivant le fil conducteur des portraits réalisés par Picasso tout au long du xx^e siècle, l’exposition « El espejo y la máscara. El retrato en el siglo de Picasso » présente plus de cent soixante œuvres des principaux artistes de la fin du xix^e siècle au début du xx^e siècle : Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Matisse, Braque, Dubuffet, Miró, Warhol, Hockney, Bacon, etc.

L’exposition a eu lieu en 2007 au Museo Thyssen-Bornemisza à Madrid et au Kimbell Art Museum à Fort Worth. Édité sous la direction des deux institutions, le catalogue ajoute à l’important fonds iconographique résumant la trajectoire du portrait au xx^e siècle d’excellents essais qui analysent l’histoire de sa survie et de sa transformation.